TEMOIGNAGE Sur la Fusillade du 26 Mars 1962 à ALGER

TEMOIGNAGE Sur la Fusillade du 26 Mars 1962 à ALGER

Le 26 Mars 1962 en début d’après midi, comme des milliers d’Algérois, je suis devant la Grande Poste d’Alger pour apporter notre soutien à Bab-El-Oued séparé du reste de la ville par un blocus rigoureux.

Je suis surpris de voir, dès mon arrivée, des militaires musulmans, en positions de tir couchés, fusils mitrailleurs prêts à tirer,  dans les coins des rues donnant sur le Plateau des Glières.

Je me mêle à la foule, je récupère un drapeau Bleu-Blanc-Rouge et avec quelques dizaines de manifestants nous arrivons  à franchir le cordon de militaires qui nous empêchait  d’aller rue d’Isly.

On est une centaine à nous diriger vers Bab El Oued, le cordon de militaires s’étant refermé derrière nous ; on a du faire200 mètres quand on entend des rafales d’armes automatiques venant  de la Grande Poste. On ne sait pas se qui se passe mais on continue d’avancer.

Arrivés Place Bugeaud, on est  de nouveau bloqués par l’armée qui cette fois  nous lance une grenade au chlore ! On se  disperse rapidement. Nous n’arrivons plus à respirer et on se réfugie à  plusieurs dans un  immeubles proche.

C’est de cet immeuble que nous apprenons, grâce à un transistor d’un de nous qu’une fusillade avait eu lieu Rue d’Isly, faisant une dizaine de morts !

On sort de l’immeuble pour remonter vers La Grande Poste où on voit le massacre qui venait d’avoir eu lieu.

A ce moment là, je ne pensais pas que trois mois plus tard, je me retrouver en France.

Le quartier étant complètement bouclé, pour retourner chez moi au Champs de Manœuvres je franchis la voie ferrée et en longeant le port. J’arrive chez moi complètement anéanti.

Grenoble, le 10 Février 2021
Jean-Marc CANIE
2ème Groupe –  Champ de Manœuvre – Alger